FOCUS SUR LE BURN-OUT OU SYNDROME D’EPUISEMENT PROFESSIONNEL
Être sensibilisé au syndrome du burn-out et aux mécanismes du harcèlement permet d’établir une politique de prévention, de diagnostic, de cartographie des risques et de gestion des risques psychosociaux et de contribuer à un cercle vertueux, permettant de maintenir le collectif au sein d’une entreprise. Cette connaissance permet également de ne pas arriver en bout de chaîne après un parcours accidenté.
Qu’est-ce qu’un burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel ?
Définition
Le terme « burn-out » a été décrit pour la première fois en 1974 par Herbert Freudenberg, un psychiatre allemand, qui s’autodiagnostique lorsqu’un jour il se sent victime d’une immense angoisse qui l’empêche physiquement de se lever.
Dans sa onzième révision de la Classification internationale des maladies (ICD-11), l’OMS rattache spécifiquement le burn-out à un stress chronique lié au travail. Il précise d’ailleurs que c’est « un syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès ».
Le burn-out n’est pas reconnu comme une maladie psychiatrique ni comme une maladie professionnelle. Le burn-out ou épuisement professionnel est caractérisé comme un état d’épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’une exposition à des situations de travail émotionnellement exigeantes.
Le burn-out n’est pas lié à des problèmes d’ordre personnel.
Le burn-out est un « Objet non défini juridiquement ». C’est un risque psychosocial lié au travail.
Le burn-out peut être corrélé à une situation constitutive de harcèlement moral.
La connaissance des séquences et des signes avant-coureurs permet d’identifier un burn-out et de prévenir certains risques pesant sur l’entreprise au titre de son obligation de sécurité et de protection de la santé des salariés.
Le burn-out, selon la définition médicale internationale la plus répandue, est un syndrome d’épuisement professionnel comportant trois dimensions :
- l’épuisement émotionnel,
- la dépersonnalisation,
- le manque d’accomplissement personnel et la perte de sens.
Ce syndrome a un fort retentissement dans la vie professionnelle et personnelle de l’individu. Le burn-out se complique de nombreux troubles psychiatriques authentiques comme un trouble anxieux, une dépression majeure ou un état de stress post-traumatique.
Les séquences caractéristiques du burn-out
Si chaque trajectoire de burn-out est singulière, il existe néanmoins des séquences que l’on peut repérer :
- La phase d’engagement : la personne s’engage avec une forte implication dans le travail ;
- La phase de sur engagement : elle peut être comparée à la lune de miel : la personne laisse le travail prendre le pas sur les autres domaines de sa vie ;
- La phase de résistance : les ressources de la personne commencent à s’épuiser, elle entre alors en surrégime pour compenser ;
- La phase d’effondrement : la personne développe une dépression caractérisée pouvant se compliquer d’idées suicidaires. C’est la partie visible du burn-out. Les personnes qui en sont victimes ont souvent disparu du jour au lendemain de leur entreprise, de leur service. Elles décrivent une implosion intérieure, un arrêt sur image et l’entrée dans le tunnel du burn-out, souvent marqué par un phénomène de sidération.
Le caractère en apparence explosif du burn-out répond en vérité à un processus insidieux qui peut être prévenu s’il est pris en charge à temps.
Comment identifier les signes avant-coureurs du burn-out : savoir identifier pour prévenir et apporter une solution vertueuse
Les personnes ayant vécu un burn-out relatent les symptômes physiques et psychiques précédant leur effondrement :
- Manifestations émotionnelles : peurs diffuses, tension nerveuse, irritabilité, hypersensibilité, hyper réactivité, sentiment de dévalorisation lié à une autodépréciation ;
- Manifestations cognitives : troubles de concentration, tendance à ruminer, sentiments de doute, de peur, de culpabilité ;
- Manifestations comportementales : repli sur soi et isolation, émergence de comportements agressifs avec parfois une augmentation des addictions notamment à l’alcool et au tabac ;
- Manifestations physiques : troubles du sommeil, fatigue chronique, douleurs lombaires, variations de poids, maux de tête, vertiges, palpitations cardiaques, troubles cardio-vasculaires, affectations dermatologiques…
Peut-on identifier une prédisposition ou un profil des personnes souffrant d’un burn-out ? Pourquoi fait-on un burn-out ?
Les personnes victimes d’un burn-out ont généralement le profil d’un « bon petit soldat » : investies et exigeantes – des idéaux forts – une quête de perfection, un besoin de reconnaissance du travail bien fait – des personnes pour lesquelles le travail contribue à définir leur identité, à conférer une authenticité, à se sentir utiles et à s’accomplir.
Comment expliquer la survenue d’un burn-out ?
C’est la rencontre d’une individualité et d’une situation de travail qui s’est dégradée. Le burn-out résulte du déséquilibre entre les contraintes liées au travail et les ressources de la personne.
Il est le résultat de la conjonction de facteurs individuels humains, de facteurs organisationnels et de facteurs sociétaux.
Dans son livre publié aux Editions JC LATTES, Sophie REICHMAN explique que « les facteurs sociétaux sont bouleversés par l’empire de la « triade » du « fast-speed-hyper » : fast learning, speed dating, hyper connexion, hyper réactivité – tout est fait pour gagner du temps et éliminer les éventuels temps morts ». Elle souligne également que « notre époque est marquée par un hyper individualisme, une quête d’ultra performance associée à une perte de repères, dans laquelle chacun est maître de sa réussite et responsable de ses échecs, le « moi » étant l’unique responsable de son bonheur ou de son malheur ».
Les causes identifiées du burn-out sont les suivantes : une charge de travail élevée et intense, un accroissement des amplitudes horaires, une pression accentuée, une absence d’échanges et de communication, une modification des modes de management teintés d’injonctions paradoxales (avec une prétendue autonomie alors que tout est encadré), un sentiment de manque de soutien, des exigences élevées, un manque d’autonomie et de marges de manœuvre, une absence de reconnaissance, des conflits de valeurs, une perte de sens dans le travail et une qualité empêchée.
Selon Sophie REICHMAN, « la connaissance des séquences et des signes avant-coureurs permet d’identifier un burn-out et de prévenir certains risques pesant sur l’employeur au titre de son obligation de sécurité ».
Comment mesurer le burn-out et le prévenir ?
L’échelle du Maslach Burnout Inventory (MBI) peut être utilisée pour repérer, au niveau collectif, les phénomènes de dégradation du rapport subjectif au travail et permettre de revenir sur les difficultés auxquelles les travailleurs sont confrontés. Cette échelle s’inscrit naturellement dans le cadre d’une politique de prévention du burn-out.
L’identification des signes avant-coureurs est d’autant plus indispensable que la victime d’un burn-out n’est plus capable d’alerter sa hiérarchie sur sa situation. Les politiques de prévention peuvent notamment porter sur l’organisation du travail, la communication interne et l’organisation managériale.
AVIS D’EXPERT : FOCUS SUR LES ENQUETES INTERNES ET LES TYPES DE PERSONNALITÉS
Au cours des enquêtes menées dans le cadre de dénonciations de comportements constitutifs de harcèlement moral, différents profils peuvent apparaître.
3 types de personnalités favorisant des comportements malveillants au travail :
-
Le machiavélisme
Croyance dans l’efficacité de la manipulation pour interagir avec les autres – point de vue cynique sur la nature humaine – opportunisme placé au-dessus de toute morale. -
Le narcissisme
Surévaluation de sa propre importance, désir d’admiration, de contrôle et de succès, renforcé par la validation externe. Les narcissiques exagèrent la valeur de leurs accomplissements, bloquent la critique, refusent le compromis et privilégient des relations avec des personnes qui les admirent. -
La psychopathie
Marquée par une absence de considération pour autrui et pour les mécanismes de régulation sociale, une impulsivité ainsi qu’un manque de remords lorsque leurs actions nuisent aux autres.
Ces trois traits peuvent se combiner chez une même personne pour former la « dark triad » ou triade obscure.
Lors d’une enquête suite à la dénonciation de faits constitutifs de harcèlement moral par une collaboratrice d’un grand groupe, les comportements d’un dirigeant ont révélé un profil de « pervers narcissique » : une apparence normale, adaptée à la vie professionnelle et sociale, qui cible la faille narcissique de l’autre en s’attaquant à l’amour-propre et la confiance en soi – par des SMS constants sans réponse, avec un ton menaçant et inapproprié.
Toutefois, tous les « harceleurs » ne présentent pas un profil de « dark triad » ; certains ont des comportements de harcèlement sans en avoir conscience, reproduisant en cascade la pression ou le stress qu’ils subissent eux-mêmes.